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MON ENCRIER

glorifier le fondateur de Québec. Notre gouverneur les en a empêchés sous prétexte de les y aider.

Il a fait comme un étranger qui, dans une réunion de famille où l’on célèbre la mémoire d’un défunt cher, irait sans y être invité se mêler à la fête, s’asseoir à la table, boire et chanter, sous prétexte qu’il est propriétaire de la maison et que l’on ne peut l’en chasser…

Voilà, Altesse, si vous voulez la connaître, la pensée des Canadiens français sur ces fêtes.

De la voir exprimer de la sorte, cela vous surprendra probablement, car ce n’est sûrement pas ce que vous avez entendu dire depuis votre arrivée parmi nous. Ceux de nos hommes publics que vous avez rencontrés — je parle de ceux de notre race — vous ont sans aucun doute tenu un langage tout opposé. De plus, ce que vous savez, le rôle que nous avons joué depuis un certain nombre d’années, vous autorisait à croire que nous accepterions avec une certaine joie cette nouvelle humiliation. Vous étiez donc doublement excusable de venir à ces fêtes qui font le bonheur de nos propres chefs et qui à en juger par l’histoire de ces derniers temps devaient plaire à tous les Canadiens français.

Mais il y a une chose que vous ne pouvez pas savoir : c’est que ces Canadiens français avec