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MON ENCRIER

Ainsi se résoudrait, selon M. Bourassa, la contradiction que nous avions cru voir entre, d’une part, ses professions de foi répétées dans l’intervention, et, d’autre part, sa lutte acharnée contre cette même intervention.

En d’autres termes, et pour résumer le tout, ces professions de foi, M. Bourassa ne les nie point. Il ne nie point avoir, quelque temps du moins, approuvé lui aussi l’intervention du Canada dans la guerre. — À une condition cependant, ajoute-t-il : c’était qu’il s’agît d’une intervention motivée du seul point de vue national et mesurée aux ressources du pays. C’est pourquoi j’ai été également logique, et en donnant mon adhésion à l’entreprise militaire de nos gouvernants aussi longtemps qu’elle répondit à cette définition, — et en la lui retirant dès qu’elle eut pris le caractère nettement désastreux que vous savez, au double point de vue politique et économique.

À première vue, avouons-le, rien de plus plausible que cette explication, rien de plus raisonnable. — Le seul malheur, c’est qu’elle ne tient pas debout un instant devant les faits. Je le prouve.

I. — Cette explication, en premier lieu, suppose en effet, dans la politique tout d’abord approuvée par M. Bourassa, un changement d’orientation qui dès octobre 1914 aurait motivé la guerre sans merci que, pour lors, lui faisait déjà le chef nationaliste.