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MON ENCRIER

tainement encore de ses déclarations de septembre 1914 en faveur de la participation, — déclarations d’ailleurs réitérées en novembre et décembre 1915, une fois au moins en 1916 et, depuis, jamais désavouées. Pour ceux-ci, à tout le moins, un éclaircissement s’imposait, et M. Bourassa résolut de le leur fournir sans plus attendre : c’est son discours du 12 janvier 1916, au sixième banquet anniversaire du Devoir.

« À vous, amis véritables et lecteurs intelligents du Devoir, je dois un aveu complet et sincère. » Voyons un peu cet aveu — cet aveu complet, cet aveu sincère.

M. Bourassa commence par invoquer, en faveur de ses articles de 1914, les circonstances atténuantes. — Au moment où la guerre éclata, nous raconte-t-il, il était en France, où il ne put assister sans émotion à l’admirable spectacle d’union qu’offrait pour lors ce pays, « jusque-là déchiré par les haines des factions et les passions d’idées ». D’autre part, il lui était donné, dans le même temps, de constater l’effet produit là-bas par l’offre d’intervention du Canada, — effet, assure-t-il, non point il est vrai extraordinaire, « comme les naïfs Canadiens se le sont imaginé », mais « favorable », indiscutablement.

C’est sous l’empire de ce double sentiment (ajoute-t-il) que je revins au pays. J’employai le temps de la traversée et la première semaine qui suivit mon retour à étudier tous les aspects de la situation et les conséquences de la déci-