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LA FAILLITE (?) DU NATIONALISME

rencontré plus d’une fois dans la réalité. Bassencourt en effet est ce type, si fort répandu de notre temps et de tous les temps, qui, s’étant juré de démolir quelqu’un, n’oublie jamais, quoi qu’il arrive, que le meilleur moyen de faire croire le mal sur les gens, c’est encore de commencer par en dire du bien. Exemple : « Cet X…, dit Bassencourt, est un vraiment bien bon garçon. Le dévouement et la générosité mêmes ! Je pourrais, à ce sujet, vous citer de lui des traits quasi incroyables. Avec cela, intelligent comme pas un. Seulement, voyez-vous, seulement… » — Seulement Bassencourt, grâce à cet adroit début, va pouvoir maintenant tout à son aise, et le plus tranquillement du monde, charger le pauvre X… de milles indignités, de mille turpitudes, de mille crimes, enfin, à faire, comme dirait Léon Bloy, « à faire blanchir d’horreur un bison noir ».

Ainsi procède exactement, durant les seize premiers mois de sa campagne contre la participation, l’honorable directeur du Devoir. Son effort à lui, il est vrai, ne s’exerce pas tant contre les gens que contre les choses ; mais c’est bien en tout, quant au reste, l’esprit de Bassencourt qui le possède, c’est bien la méthode de Bassencourt qu’il s’est appropriée, — je veux dire la culture intensive du seulement.

Je n’ai, pour faire toucher le fait du doigt, que l’embarras du choix entre ses articles de l’époque.