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LA FAILLITE (?) DU NATIONALISME

dre, comment allait-il faire pour soutenir seize mois durant ce tour de force, — c’est-à-dire jusqu’à l’heure où, déchirant enfin tous les voiles et nous livrant pour la première fois au grand jour sa véritable pensée, il proclamerait ouvertement son retour « aux solides positions du nationalisme intégral » ?

Pourtant, il en sera venu à bout. Seize mois durant, sans renier une seule fois le principe de l’intervention, sans une seule fois l’attaquer de front, le ménageant même assez, explicitement, pour pouvoir au besoin s’en réclamer, il n’aura cessé de le miner, tous les jours et de toutes les façons. Ramassant de droite et de gauche, inlassablement, tous les faits de nature à nous rendre la cause des Alliés suspecte ou même nettement odieuse ; jamais plus heureux que lorsqu’il avait pu nous fournir quelque motif additionnel de redouter « le désastre » comme conséquence du concours que nous leur prêtions ; ne laissant échapper, enfin, aucune occasion de refroidir les enthousiasmes et de susciter les défiances, il n’aura pas eu, seize mois durant, d’emploi plus cher, ni plus assidu, que de décrier l’effort de nos gouvernants sous prétexte de le vouloir « éclairer » (textuel), et de l’entraver sous prétexte d’en vouloir assurer « l’endurance ».

Veut-on saisir sur le vif ce singulier jeu de balançoire, il n’y a qu’à relire d’ensemble, comme je