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MON ENCRIER

quelque temps du moins, ne semble plus du tout penser là-dessus comme en 1910. Qu’on se donne plutôt la peine d’ouvrir son récent gros volume, Que devons-nous à l’Angleterre ? au chapitre de la loi navale ; on verra que, dans tout son exposé, il n’a pas une ligne, pas un mot qui rappelle son ancienne interprétation de l’article 18. Il le cite même, ce malheureux article, tour à tour en anglais et en français, sans que l’idée lui vienne, un seul instant, d’y voir autre chose que ce que tout le monde (sauf lui) y a toujours vu. Pour un aveu, si involontaire et si discret soit-il, on admettra que c’en est un, et, certes ! si l’essentiel en l’espèce était d’élucider ce point de droit, je ne manquerais pas de m’en prévaloir. Mais il n’importe ici. Loin de renoncer à sa thèse de 1910, M. Bourassa fût-il même en état, aujourd’hui pour demain, d’en établir la justesse par de nouveaux arguments, que, pour les fins de ma démonstration, je n’en serais ni plus ni moins avancé. Tout ce que je me proposais, en effet, de faire voir ici, c’est que cette thèse, telle qu’il la présentait, ne tenait pas debout, qu’elle était d’avance condamnée par les propres auteurs sur lesquels elle prétendait se fonder, enfin qu’elle était également dénuée de sérieux et de plausibilité. Or, voilà, je crois, qui est fait.

Comment ce même homme que nous avions vu, l’instant d’auparavant, d’une raison si lucide,