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MON ENCRIER

ce n’est pas même M. Laurier. C’est M. Bourassa lui-même. — Que l’on veuille bien plutôt nous citer, de M. Laurier, de M. Lemieux ou des autres, un seul discours, un seul argument qui ait jamais pu entamer, fût-ce d’un cheveu, la thèse du nationalisme telle qu’il l’avait d’abord posée. Contre cette thèse, véritable forteresse de logique et de bon sens, c’est en vain qu’eût porté leur effort, c’est en vain qu’ils se fussent acharnés, si le chef de la place, tout le premier, n’eût pris soin d’en affaiblir les défenses et d’en ébranler les murs. Ce que n’avaient pu ces hommes tous ensemble, M. Bourassa, pour peu qu’il continue, l’aura à lui seul complètement réalisé : à force de fantaisie, d’inconsistance et de contradiction, il aura complètement démoli sa doctrine, il l’aura complètement jetée bas, au plus vif gaudissement des politiciens de toute couleur. — Laissez Bourassa défaire son œuvre !

On sait combien solide elle était, cette œuvre, au sortir des mains de l’ouvrier. Dès lors achevée dans toutes ses parties et complète par elle-même, nul besoin n’était, pour la garder debout, de la reprendre ni d’y ajouter. Il n’y avait à faire que de la laisser telle quelle et de n’y plus toucher. Hélas ! M. Bourassa n’aura su résister à la tentation d’y toucher quand même.

Ayant déjà, en d’autres termes, prouvé son point de la façon la plus forte, la plus péremptoi-