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MON ENCRIER

Cet état-major, il n’en eût tenu qu’à M. Bourassa de se le donner. Déjà, dès la campagne nationaliste de 1907, il en avait sous la main le noyau parfaitement formé. À ces soldats de la première heure vinrent s’adjoindre, pour la lutte de 1911, toute une pléïade de batailleurs enthousiastes. De tous, combien en rencontre-t-on aujourd’hui dans les conseils de guerre de la rue Saint-Vincent ? — Les uns, sans rien renier de leur foi dans les idées du maître ni de leur admiration pour son talent, se sont tout doucement éloignés de lui ; et qui doit porter la responsabilité de leur défection, si ce n’est le chef qui n’a pas su les garder ? Les autres, l’heure venue de lui témoigner leur fidélité par des actes, l’ont nettement répudié. Les autres, je veux dire la grosse majorité de ces fameux « vingt-huit » élus à la députation, en 1911, avec son concours et sous son patronage. — Pourquoi ceux-ci l’ont-ils répudié, et reprocherons-nous aussi à M. Bourassa de n’avoir su les en empêcher ? Une distinction s’impose ici. Il n’est pas douteux, en effet, que sur un certain nombre d’entre eux tous ses moyens de persuasion se fussent exercés en pure perte ; sycophantes sans pudeur, forcenés arrivistes déterminés d’avance à toutes les apostasies, c’est bien en vain qu’il les eût suppliés de tenir leurs promesses, de respecter leurs serments… Mais les autres ? Tous ces pauvres diables, la plupart de peu de savoir, de peu de clairvoyance,