Page:Fournier - Mon encrier (recueil posthume d'études et d'articles choisis dont deux inédits), Tome I, 1922.djvu/148

Cette page a été validée par deux contributeurs.
133
LA FAILLITE (?) DU NATIONALISME

dateur de secte. Nous savons trop, par l’exemple de leurs aînés, ce qu’il faut penser de tels enthousiasmes, et le peu qu’il en reste chez la plupart la trentaine venue, souvent même bien avant. Je ne parle pas davantage des mécontents de l’un ou l’autre parti politique, plus communs qu’on ne pense parmi les suivants de M. Bourassa, qui voient surtout, dans le culte qu’ils affichent pour le maître, un commode moyen de masquer leurs griefs et de colorer leurs rancunes. En dehors et au-dessus de ces deux catégories de disciples, comme au-dessus d’une foule, encore assez considérable, d’ignorants qui l’approuvent comme d’autres ignorants le condamnent, c’est-à-dire sans savoir pourquoi, il n’en existe pas moins chez nous, à l’heure qu’il est, tout un groupe d’esprits sérieux que préoccupe sa pensée et dont il a su dès longtemps gagner l’audience. Avocats ou médecins soucieux de s’instruire parfois en d’autres écrits que le code ou le formulaire, hommes d’affaires capables de se passionner pour d’autres calculs que celui du tant pour cent, ecclésiastiques surtout et hommes d’étude, tous également attentifs à son enseignement, tous d’accord à louer son talent lors même que ses vues leur paraissent appeler le plus de réserves, nul publiciste, à coup sûr, nul prédicant d’idées en ce pays ne pourrait réunir et garder autour de sa chaire, public plus intelligent, mieux éclairé et,