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PAIX À DOLLARD !

me rédacteur en chef, eh bien ! je ne lui donne pas pour quarante-huit heures dans l’établissement. Vous le mettriez tout de suite à la porte. Vous diriez : C’est un fou.

On sait bien ce qui vous pousse… Dollard est un fou, mais c’est un fou populaire, c’est un fou arrivé, comme vous dites dans votre langage : alors vous voulez — tout naturellement — le tirer à vous ; vous voulez l’exploiter, comme vous exploitez tour à tour et suivant l’occasion le roi d’Angleterre, le premier-ministre du Canada, le conférencier célèbre ou le numéro de cirque en vedette. Dollard est pour vous un sujet de réclame, tout simplement — quelque chose d’intermédiaire entre la brouette et le ballon.

… Et vous, monsieur Louis-Joseph Tarte, là, — la main sur la conscience, — que pensez-vous de Dollard ? Il doit bien vous ennuyer. Croyez-vous, hein ! que ce n’était pas un type pratique !

Vous, monsieur Berthiaume, vous avez votre ballon, et vous, Joe, vous avez Jennie-W. Un beau ballon et un beau cheval. Avec cela ne pourriez-vous vraiment vous passer de Dollard ? On vous en prie !

Parlez de tout ce que vous voudrez : meurtriers, juges, rois, ténors, politiciens ; exploitez tout ce qu’il vous plaira. Mais ne touchez pas à Dollard !

N’allez pas traîner dans la promiscuité des sacs