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MON ENCRIER

la lutte et la folie de son héroïsme. À dix-sept hommes, repousser des centaines d’ennemis, allons-donc, est-ce que cela s’est jamais vu ? — Il détournerait la tête, il ne vous écouterait pas… Alors vous n’auriez pas assez pour lui d’épais sarcasmes et d’injures basses ; et au besoin vous le vendriez même aux Iroquois : vous en avez vendu bien d’autres.

Qu’y a-t-il de commun entre vous et lui ? Vous, les gens pratiques, les diplomates, les pondérés, — et lui, le pauvre petit idéaliste, le pauvre songe-creux perdu dans les nuages ? — Vous êtes bien trop sérieux pour lui, messieurs : laissez-le donc tranquille !

Laissez-le tranquille… Sa mémoire a le droit d’être respectée de vos éloges. Gardez pour d’autres votre encens, — pour un Brodeur, pour un Boyer. Ceux-là sont vos hommes à vous. Et ceux-là vous paieront bien.

Vous, monsieur Berthiaume, tout le premier, voulez-vous nous dire maintenant, s’il vous plaît, ce qui vous pousse à tant vous occuper de Dollard ?

Franchement, l’admirez-vous beaucoup ?… Est-ce qu’au fond vous ne le méprisez pas plutôt ? Ne le trouvez-vous pas un peu… disons le mot : un peu bête ? Je le gagerais !

Tenez, que Dollard revienne en ce monde aujourd’hui pour demain, qu’il entre chez vous com-