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LE GOUVERNEUR

gouverner la province de Québec. On retrouve en effet son nom dans la liste de nos législateurs, à quelque dix ans en arrière, comme représentant d’une quelconque circonscription d’en bas de Québec : Matane ou Rimouski, je ne sais plus au juste… Comme il était naturel, la politique devait le conduire à la prison. — Mais, tout d’abord, qu’est-ce qui l’avait conduit à la politique ?

En ce temps-là, M. M.*** jouissait déjà de quelque notoriété parmi les pêcheurs de la côte et les habitants des concessions. C’est qu’il exerçait, comme l’auteur de ces lignes, un métier qui conduit à tout. Il commerçait sur les bœufs. Dans cette carrière, un homme est toujours sûr de se populariser. M. M***, pour sa part, n’y manqua point. Tout en achetant des bêtes pour le marché, travaillait ferme à se faire des amis parmi les électeurs. Bœufs à bœufs, il préparait sa majorité. (Aïe, typographe, attention !…)

Au moment que je le connus, M. M*** mesurait environ cinq pieds onze pouces. Comme il avait alors cinquante-trois ans révolus, j’ai lieu de croire qu’il n’a pas grandi depuis. En revanche on m’apprend, de diverses sources, qu’il a notablement engraissé. Mettons qu’il ait gagné cinquante livres : il devrait être aujourd’hui dans les 275… C’est beaucoup, mais ce n’est pas excessif. À la ferme modèle d’Oka, l’an passé, j’en ai vu qui pesaient bien près du double.