Page:Fournier - Le Théâtre français au XVIe et au XVIIe siècle, t. 2, Garnier.djvu/436

Cette page n’a pas encore été corrigée


Puis en moins de huit jours je pris toute l'Afrique.

De là passant les flots de la mer Atlantique [1620]

Je conquis les climats de nouveau découverts,

Et fus au bout du monde maître de l'Univers.

ALCIDON
.


Ô Dieux ! Que la valeur est chose merveilleuse !

Quelle vertu peut-être à ce point glorieuse ?

Elle porte partout l'épouvante et la mort : [1625]

Tout fléchit sous ses lois, tout cède à son effort :

Elle donne ou ravit et les biens et la vie,

Et rend sous son pouvoir toute chose asservie.

ARTABAZE
.


Il est vrai, la valeur est la haute vertu

Par qui rien n'est si grand qui ne soit abattu. [1630]

ALCIDON
.


D'elle nous vient la paix, d'elle vient la richesse,

D'elle vient la grandeur, d'elle vient la noblesse :

C'est l'appui du pays, le lustre des maisons.

Elle est utile enfin pour cent mille raisons.

Je tiens à grand honneur de vous avoir pour gendre. [1635]

À peine à cette gloire eussé-je osé prétendre.

ARTABAZE
.


Je vous veux rendre heureux.

ALCIDON
.


Ô l'excès de bonté

Qui part de la grandeur de votre Majesté !

ARTABAZE
.


Vous savez plaire aux Grands.

ALCIDON
.


Vous voyez ma demeure.

Vous pourrez vous y rendre au plus tard dans une heure. [1640]

Je m'en vais voir ma fille, afin de l'avertir

Que de ses beaux habits elle doit se vêtir.

ARTABAZE
.


Elle me plaît assez en l'habit ordinaire,

Mais j'ai peur qu'elle craigne une humeur sanguinaire,

Un homme de carnage, et de meurtre, et d'horreur, [1645]

Et dont les fiers regards donnent de la terreur.

ALCIDON
.


Adoucissez un peu cette mine hautaine.

ARTABAZE
.


Bien donc, Adieu, bon homme.

ALCIDON
.


Adieu, grand Capitaine.



                   {{acte|