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Osent-elles, bons Dieux, témoigner leur ardeur ? [1525]

À ce compte vos soeurs ont perdu la pudeur.

Mais n'est-ce point aussi trop d'amour de vous-même,

Qui vous fait quelquefois rêver que l'on vous aime ?

Je n'entends point parler de tous ces amoureux.

HESPÉRIE
.


Si j'avais moins d'amants, nous serions plus heureux. [1530]

ALCIDON
.


Mais l'amour de vos soeurs est-ce chose certaine ?

HESPÉRIE
.


Vous le pourrez savoir, voilà le Capitaine.

ALCIDON
.


Je veux l'entretenir, retirez-vous d'ici.

J'aurai sur ce sujet mon esprit éclairci.



Scène VII



 
Artabaze, Alcidon


ARTABAZE
.


Bon homme, approchez-vous, venez me rendre hommage. [1535]

ALCIDON
.


Valeureux fils de Mars, et sa vivante image,

J'adore avec respect votre illustre grandeur,

Et de vos faits guerriers j'admire la splendeur.

ARTABAZE
.


Il me gagne le coeur, l'humilité me charme :

C'est ce qui m'adoucit, c'est ce qui me désarme. [1540]

Vous avez une fille ?

ALCIDON
.


Oui, Guerrier, j'en ai trois.

ARTABAZE
.


J'eusse été, s'il m'eût plu, le gendre de cent Rois.

Je veux vous combler d'heur, il m'en prend fantaisie :

En dussent tous ces Rois crever de jalousie.

ALCIDON
.


De deux filles que j'ai, si l'on m'a bien instruit, [1545]

Vous en poursuivez l'une, et l'autre vous poursuit.

ARTABAZE
.


Quoi ? J'en poursuis quelqu'une ? Ah ! Quelle rêverie !

ALCIDON
.


N'êtes-vous pas Amant de ma fille Hespérie ?

ARTABAZE
.