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FILIDAN
.


Dieux ! Qu'elle est magnifique ! Et que cette beauté [1405]

Exerce heureusement la libéralité !

SESTIANE
.


J'aime bien Amidor, mais il faut que je die

Que s'il devient si riche, Adieu la Comédie.

Car il ne voudra plus s'embrouiller le cerveau,

Que pour une Épigramme, ou pour un air nouveau. [1410]

AMIDOR
.


J'aurai plus de loisir, Sestiane, au contraire,

J'en ferai pour ma gloire et pour me satisfaire.

Mais s'il faut que les biens m'arrivent à foison.

Il faut donc que je loue une grande maison :

Car ma chambre est petite, à peine suffit-elle [1415]

Pour un lit, une table, avec une escabelle.

SESTIANE
.


Avant que voir chez vous la richesse venir,

Je veux de votre Muse une grâce obtenir.

AMIDOR
.


Commander seulement.

SESTIANE
.


Qu'elle veuille décrire

Ce sujet que tantôt je commençais à dire. [1420]

AMIDOR
.


Oui, je vous le promets ; ce sujet me plaît fort :

Et mérite un esprit qui puisse faire effort.

L'invention m'en charme, et sa belle conduite.

Je me meurs du désir d'en apprendre la suite.

Nous étions demeurés sur ces petits gémeaux [1425]

Que Cloris élevait.

SESTIANE
.


Tous deux étaient fort beaux.

L'on admirait en eux surtout la ressemblance :

Le père de Cloris n'en eut point connaissance :

On les faisait nourrir en des lieux écartés ;

Enfin les voilà grands, aimés de cent beautés. [1430]

Le visage de l'un tout à l'autre semblable

Fait naître tous les jours quelque intrigue agréable.

Cet acte serait plein de plaisantes erreurs ;

Même on y peut mêler quelques douces fureurs.

AMIDOR
.


Vraiment vous l'entendez.

SESTIANE
.


J'entends un peu ces choses. [1435]

Car j'ai lu les Romans et les Métamorphoses.