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Il me suffit, de vrai, d'avoir l'heur de vous voir.

Vous forcer de parler, c'est passer mon devoir :

Effroi de l'Univers, c'est par trop entreprendre. [1275]

ARTABAZE
.


Est-ce pour moi ce titre, ou bien pour Alexandre ?

MÉLISSE
.


Comment l'entendez-vous ?

ARTABAZE
.


Si ce titre est pour moi,

Comme m'appartenant aussi je le reçois :

Mais je le maintiens faux, si c'est pour Alexandre.

MÉLISSE
.


Vous tenez un discours que je ne puis comprendre. [1280]

Vous êtes Alexandre, et vous ne l'êtes pas ?

ARTABAZE
.


C'est par moi qu'Alexandre a souffert le trépas.

MÉLISSE
.


Vous l'êtes donc sans l'être ? À présent Alexandre

Est comme le Phoenix qui renaît de sa cendre ?

Car c'est lui qui revit, et si ce ne l'est plus ? [1285]

À peine j'entendais ces propos ambigus.

Mais, ô cher Alexandre, ô Prince qui m'embrase.

ARTABAZE
.


Laissons la Tragédie, on m'appelle Artabaze,

Plus craint que le tonnerre, et l'orage et les vents.

MÉLISSE
.


Artabaze est le nom de l'un de vos suivants, [1290]

Qui le fut de Darie ; ah ! Le voudriez-vous prendre ?

Ô Dieux ! Ne quittez point ce beau nom d'Alexandre.

ARTABAZE
.


Artabaze est le nom du plus grand des guerriers,

Dont le front est chargé de cent mille lauriers.

MÉLISSE
.


Faites-moi donc entendre ; est-ce métamorphose [1295]

Qui vous fait Artabaze, ou bien métempsychose ?

ARTABAZE
.


Quoi ? Vous dites aussi des mots de ce Sorcier

Qui fit la Tragédie ?

MÉLISSE
.


Invincible guerrier,

Alors qu'on vous crut mort par charme ou maladie,