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Cette eau qui va noyer sa mortelle dépouille,

En même temps l'étonne et l'arrête, et la mouille,

En chaque pavillon sont des appartements,

Qui selon les saisons servent de logements, [1070]

Pour l'Été, pour l'hiver, le Printemps ou l'Automne :

Ainsi que vient le chaud, ou qu'il nous abandonne.

L'ornement des planchers et celui des lambris

Brillent de tous côtés de dorures sans prix :

Au bout des pavillons on voit deux galeries, [1075]

Où le peintre épuisa ses doctes rêveries.

Les meubles somptueux, éclatants et divers,

Feraient croire à vos yeux que de tout l'Univers

On a fait apporter les plus riches ouvrages,

Pour rendre à ce beau lieu de signalés hommages. [1080]

ALCIDON
.


Vous nous contez sans doute un palais enchanté.

LYSANDRE
.


Écoutons.

PHALANTE
.


Les jardins n'ont pas moins de beauté,

D'abord on aperçoit un parterre s'étendre.

Où de ravissement l'oeil se laisse surprendre,

Ses grands compartiments forment mille fleurons, [1085]

Et cent diverses fleurs naissent aux environs.

Au milieu du parterre une grande fontaine

Jette en l'air un torrent de sa seconde veine.

La figure est antique ; un Neptune d'airain

Armé de son trident dompte un cheval marin : [1090]

Le monstre, des naseaux lance l'eau jusqu'aux nues,

Qui retombe avec bruit en parcelles menues :

Le Dieu voit des sa barbe, et de son grand trident

Dégoutter mille flots, et n'est pas moins ardent.

ALCIDON
.


J'aime toutes ces eaux.

PHALANTE
.


Quatre belles Sirènes [1095]

Dans les coins du jardin forment quatre fontaines.

Dont les bassins pareils ont les bouillons égaux :

Le parterre est enceint de trois larges canaux.

Ce lieu semble coupé du dos d'une montagne.

Et découvre à main droite une riche campagne, [1100]

Un bois, une rivière, et toutes ces beautés