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Mélisse votre fille, ayant un revenu

Qui passe tous nos biens.

ALCIDON
.


Soyez le bienvenu.

Êtes-vous possesseur d'une grande richesse ?

PHALANTE
.


Grâce aux Dieux j'ai des biens dignes de ma noblesse.

J'en ai dedans la ville, et j'en ai dans les champs : [1005]

Je fais fendre la terre à cent coutres tranchants :

J'ai des prés, des forêts, des étangs, des rivières,

Des troupeaux, des haras, des forges, des minières,

Des bourgs et des châteaux, des meubles à foison,

Des sacs d'or et d'argent roulent par ma maison. [1010]

ALCIDON
.


Quelle richesse au monde à la vôtre est égale ?

De toutes vos maisons quelle est la principale ?

PHALANTE
.


C'est un lieu de plaisir, séjour de mes aïeux,

À mon gré le plus beau qui soit dessous les cieux.

Si vous le désirez, je vous le vais décrire. [1015]

ALCIDON
.


Vous me ferez plaisir, c'est ce que je désire.

PHALANTE
.


Ce lieu se peut nommer séjour des voluptés,

Où l'Art et la Nature étalent leurs beautés ;

On rencontre à l'abord une longue avenue

D'arbres à quatre rangs qui voisinent la nue : [1020]

Deux prés des deux côtés font voir cent mille fleurs,

Qui parent leurs tapis de cent vives couleurs ;

Et cent petits ruisseaux coulent d'un doux murmure,

Qui d'un oeil plus riant font briller la verdure.

ALCIDON
.


L'abord est agréable.

LYSANDRE
.


On peut avec raison [1025]

Se promettre de là quelque belle maison.

PHALANTE
.


De loin l'on aperçoit un portail magnifique.

De près l'ordre est Toscan, et l'ouvrage rustique ;