Page:Fournier - Le Théâtre français au XVIe et au XVIIe siècle, t. 2, Garnier.djvu/396

Cette page n’a pas encore été corrigée


Qui voudrait anoblir le théâtre Français,

Et former une pièce avec toutes ses lois,

Divine, magnifique, il faudrait entreprendre [505]

D'assembler en un jour tous les faits d'Alexandre.

SESTIANE
.


Vous verriez cent combats avec trop peu d'amour.

Je me moque pour moi de la règle d'un jour.

HESPÉRIE
.


On ferait de ma vie une pièce admirable,

S'il faut beaucoup d'amour pour la rendre agréable. [510]

Car vous autres, jugez, qui savez les Romans,

Si la belle Angélique eut jamais tant d'amants

SESTIANE
.


Voici ce bel esprit dont la veine est hardie.

Nous pourrons avec lui parler de Comédie.



Scène IV



 
Sestiane, Amidor, Mélisse, Hespérie


SESTIANE
.


J'ai ce matin appris un nouveau compliment, [515]

Laissez-moi repartir.

AMIDOR
.


Je salue humblement

L'honneur des triples soeurs, les trois belles Charites.

SESTIANE
.


Nous mettons nos beautés aux pieds de vos mérites.

AMIDOR
.


De quoi s'entretenait votre esprit aime-Vers ?

SESTIANE
.


Nous discutions ici sur des sujets divers. [520]

MÉLISSE
.


Nous parlions des exploits du vaillant Alexandre.

AMIDOR
.


Ce grand Roi qui cent Rois enfanta de sa cendre ?

Cet enfant putatif du grand Dieu foudroyant ?

Ce torrent de la guerre, orgueilleux, ondoyant ?

Ce Mars plus redouté que cent mille tempêtes ? [525]

Ce bras qui fracassa cent millions de têtes ?

MÉLISSE
.


Je vous aime, Amidor, de le louer ainsi.

HESPÉRIE
.