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Que vous me suppliez d'avoir pitié de lui,

Et qu'au moins d'un regard j'allège son ennui. [480]

MÉLISSE
.


Ce n'est point tout cela.

HESPÉRIE
.


Quelque chose de même.

MÉLISSE
.


Qu'il ne vous aime point, mais que c'est moi qu'il aime.

HESPÉRIE
.


Ah ! Ma soeur, qu'elle ruse afin de m'attraper ?

MÉLISSE
.


Comment par ce discours pourrais-je vous tromper ?

HESPÉRIE
.


Par cette habileté vous pensez me séduire ; [485]

Et dessous votre nom me conter son martyre.



Scène III



 
Sestiane, Mélisse, Hespérie


SESTIANE
.


Quels sont vos différents ? Les pourraient-on savoir ?

MÉLISSE
.


Vous saurez que Phalante était venu me voir,

Il m'a parlé d'amour, et ma soeur trop crédule

Dit que c'était pour elle, et que je dissimule. [490]

HESPÉRIE
.


Que vous sert de parler contre la vérité ?

Et de chercher pour lui cette subtilité ?

MÉLISSE
.


Vous aimez votre erreur quelque chose qu'on die.

SESTIANE
.


Vraiment c'est un sujet pour une Comédie :

Et si l'on le donnait aux esprits d'à présent, [495]

Je pense que l'intrigue en serait bien plaisant.

Souvent ces beaux esprits ont faute de matière.

MÉLISSE
.


Mais pourrait-il fournir pour une pièce entière ?

SESTIANE
.


Il ne faudrait qu'y coudre un morceau de roman,

Ou trouver dans l'histoire un bel événement, [500]

Pour rendre de tout point cette pièce remplie,

Afin qu'elle eût l'honneur de paraître accomplie.

MÉLISSE
.