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Un tome de Plutarque [385]

M'a fourni le portrait de ce divin Monarque.

Et pour le mieux chérir je le porte en mon sein.

PHALANTE
.


Quittez, belle, quittez cet étrange dessein.

Ce vaillant Alexandre, agréable Mélisse,

N'a plus aucun pouvoir de vous rendre service. [390]

MÉLISSE
.


Quoi ? Pour mon serviteur voudrais-je un si grand Roi ?

De qui l'univers a révéré la loi ?

Phalante, il était né pour commander au monde.

PHALANTE
.


Vous aimez d'une amour qui n'a point de seconde.

Mais vous feriez bien mieux de choisir un amant [395]

Qui pourrait en effet vous chérir constamment ;

Un homme comme moi, dont l'extrême richesse

Peut de mille plaisirs combler votre jeunesse.

MÉLISSE
.


Pensez-vous par ce charme abuser mes esprits ?

Quittez ce vain espoir, j'ai vos biens à mépris. [400]

Osez-vous comparer quelque pauvre héritage,

Quelque champ malheureux qui vous vint en partage.

Aux trésors infinis de ce grand Conquérant ?

Qui prodiguait les biens du pays odorant.

De la Perse, et de l'Inde, et souvent à des Princes [405]

Comme présents légers a donné des provinces ?

PHALANTE
.


Mais où sont ces trésors ? Les avez-vous ici ?

MÉLISSE
.


Comme il les méprisait, je les méprise aussi.

PHALANTE
.


Je perds ici le temps, elle est préoccupée

Par cette folle amour dont sa tête est frappée. [410]

Je vais voir ses parents, ils me recevront mieux :

Mes grands biens me rendront agréable à leurs yeux.

De la guérir sans eux je n'ose l'entreprendre.

Adieu jusqu'au revoir, l'amante d'Alexandre.

MÉLISSE
.


Adieu mortel chétif, qui t'oses comparer [415]

À ce vaillant Héros que tu dois adorer.