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Il me faut porter le tourment,

Mais à ce que je vois sa dette. [1515]

Et combien qu'Alix soit sujette

À tromper ainsi ses amis,

Mon coeur n'est pas hors d'elle mis ;

Je soutiens encor ces travaux,

Et puis je porte tous mes maux, [1520]

Dont l'un est tel que le guérir

N'en sera que le seul mourir :

Je connais trop bien Florimond.

Messire Jean


Premièrement étonné m'ont

Avec leurs mots, comme estocades, [1525]

Caps de dious, ou estafilades,

Ou autres bravades de guerre.

Sont de ceux, dont l'un vend sa terre,

L'autre son moulin à vent chevauche,

Et l'autre tous ses bois ébauche [1530]

Pour faire une lance guerrière :

L'autre porte en sa gibecière

Tous ces prés, de peur qu'au besoin

Son cheval n'ait faute de foin :

L'autre ses blés en vert emporte [1535]

Craignant la faim, ô quelle sorte

Pour braver le reste de l'an !

Vous fâchez-vous des mots de camp :

Il faudra pourtant éprouver

Tous les moyens pour paix trouver. [1540]

Eugène


Il le faudra, c'est chose sûre,

Ou bien de la mort je m'assure,

Je le sais bien.

Messire Jean


Pourvoyez-y.

Eugène


Mais laisse-moi tout seul ici

Pour quelque peu, j'y rêverai, [1545]

Retourne après.

Messire Jean


Je le ferai.


ACTE V




Scène I



Messire Jean, Eugène.


Messire Jean