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Que ce brave nous la donnait ?

Par ses paroles il tonnait, [1150]

Et mêlant son Gascon parmi

Nous faisait pâmer à demi.

Encore tant ému j'en suis,

Que presque parler je ne puis,

Tant qu'il me faudrait emprunter [1155]

Une autre voix pour raconter

À notre Abbé telle vaillance.

Mais encor en moi je balance

Si je dois faire ce message :

Florimond fera beau ménage, [1160]

Si vers l'Abbé vient une fois.

J'aimerais mieux tenir ma voix

À tout jamais en moi renclose,

Que de dérober quelque chose :

Je suis aux coups trop mal appris. [1165]

Et ceux-ci seront tous épris,

Qu'ils ne pourront être qu'à peine

Désenvenimés de leur haine,

Que par l'épée vengeresse.

Ô espérance tromperesse ! [1170]

Pourquoi m'avais-tu jusque ici

Allaité de ton lait ainsi,

Pour tout soudain t'évanouir ?

Pourquoi me faisais-tu jouir

De tes promesses si longtemps ; [1175]

Pour me mettre après hots du sens,

Et me faire au désespoir proie,

M'étranglant d'un cordon de soie ?

A a pauvre et deux fois pauvre prêtre,

N'eusses-tu pas trouvé bon maître, [1180]

Qui t'eût nourri, qui t'eût vêtu,

Qui t'eût fait ami de vertu,

Sans le patelin contrefaire,

Et en plaisant à Dieu déplaire,

Pour tourner enfin en ma chance [1185]

Si pauvre et maigre récompense.

Adieu les complots et finesses,

Adieu adieu larges promesses,

Adieu adieu gras bénéfices,

Adieu douces mères nourrices, [1190]

En l'Abbé je n'ai plus d'espoir,

Mais que tardai-je à l'aller voir ?

«Qui se fait compagnon de l'heur,