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D'arracher de lui mariage.

Ô quel horreur, quel cocuage,

Un seul mot jamais n'en parlai [925]

À mon frère, et toujours celai

Qu'il me semblait de l'entreprise.

Car je n'étais tant mal apprise

Qu'il ne me dût bien faire part

De ce qu'il brouillait à l'écart, [930]

Pour lui compter la fable toute :

Mais ores je suis en grand doute

Que de cette badinerie

Se naisse aucune fâcherie,

Et je vous jure en bonne foi, [935]

J'aime mon frère mieux que moi.

Or ne lui faut celer rien.

Ho ho anda, je le vois bien :

La rencontre est tout à propos.



Scène IV



Eugène, Hélène.


Eugène


J'ai toujours cherché le repos : [940]

Mais puisque l'amour est passible,

De l'avoir il m'est impossible,

Car de mon amour m'absenter

Ce me serait la vie ôter.

Hélène


Mon frère, Dieu vous doint bon jour, [945]

Vous êtes toujours sur l'amour :

Amour vous court par les boyaux,

Amour occupe maints cerveaux,

Que bien aveuglément démène.

Eugène


Ho ho, Ma soeur, qui vous amène ? [950]

Hélène


Puisque sur l'amour étions ores,

L'amour que j'ai vers vous, encores

Que n'ayez en ce mérité,

Que mon coeur soit sollicité

De survenir à vos dangers : [955]

Car si nous étions étrangers,