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Amour qui se met en campagne

Pour faire quête de mon coeur, [235]

S'est rendu dessus moi vainqueur,

Me venant d'un trait enflammer,

Pour me faire ardemment aimer

Cette Alix, mignarde et jolie,

Bague fort bonne et bien polie, [240]

Pour qui, ô serviteur fidèle,

Tu me vaux une maquerelle.

Messire Jean


Ô que je me tiens en repos,

Pour voir où cherra ce propos.

Eugène


Jusqu'ici tant bien m'a servi, [245]

Que du tout en elle je vis :

Et pour être bon guerdonneur

Lui voulant couvrir son honneur,

Comme tu es bien averti,

Lui ai trouvé le bon parti [250]

De Guillaume le bon lourdaud,

Qui est tout tel qui nous le faut,

Et les ai mariés ensemble.

Messire Jean


Ô fort bien fait.

Eugène


Mais que te semble ?

J'ai feint que c'était ma cousine. [255]

Messire Jean


La parenté est bien voisine,

Il n'y fallait épargner rien,

Ce sont trois cents écus : et bien

Qu'est-ce pour votre dignité,

Sinon qu'oeuvre de charité ? [260]

Eugène


Mais maintenant j'ai si grand' peur,

Que Guillaume sente mon coeur

Avec les cornes de sa tête.

Messire Jean


Ha ventrebieu il est trop bête,

Son front n'a point de sentiment, [265]

Ni son coeur de bon mouvement :

Ho ho, quoi ? Craignez-vous en rien