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De la musique les délices

Avant que monter à cheval,

Et puis et par mont et par val [200]

Voler l'oiseau, se mettre en quête

Bien souvent de la rousse bête :

Ou bien par les plaines errant

Suivre le lièvre bien courant,

Pendant que moi Messire Jean [205]

Je sue auprès le feu d'ahan,

De tâter les molles viandes,

Pour vous les rendre plus friandes :

Vous arrivez tous affamés,

Les chaudeaux sont soudain humés, [210]

De peur de vicier nature :

On fait aux tables couverture,

On rit, on boit, chacun fait rage

De babiller du tricotage.

On est saoul, on se met en jeu, [215]

Et puis s'on sent venir le feu

De la chatouillarde amourette,

Soudain en la quête on se jette,

Tant qu'on revienne tous taris

Par ces pisseuses de Paris. [220]

Eugène


Tout beau Messire Jean, tout beau,

Demeure là, d'un cas nouveau,

Puisqu'à l'amour tu es venu,

M'est à cette heure souvenu,

Pour lequel appelé t'avais. [225]

Messire Jean


Quoi ? Comment ? D'où vient telle voix ?

Avez-vous reçu quelque offense ?

Eugène


Non non, tout beau, seulement pense

De me prêter ici tes sens.

Tu sais bien que depuis le temps [230]

Qu'Henry magnanime Roi,

A mené ses gens avec soi

Jusques aux bornes d'Allemagne,