Page:Fournier - La Fille de Molière - 1863.djvu/45

Cette page n’a pas encore été corrigée

Pardon! mais c'est ainsi qu'à part moi, je le nomme. L'appeler autrement ce serait le changer, Et je croirais alors que c'est un. étranger. Je ne vous dirai mot de son talent sans doute ; Je sens bien ce que c'est, mais je n'y verrais goutte. J'irai droit a son cœur, tout d'un trait, tout d'un bond. Ils disent : il est-grand! je dis : Il était bon! Madelaine On n'est pas l'un sans l'autre. Laforêt Oh! n'est-ce pas, mignonne? N'est-ce pas? le génie est ce que le cœur donne. Parmi ceux qui venaient chez nous tant raisonner, Et qui, par leur babil, allongeaient le dîner, D'aucuns disaient: Quels traits! quel talent, ce Molière ! Quelle diversité! c'est une fourmilière D'esprit!... Nul ne disait: Quel cœur.! ça me surprit. Madelaine Le mot est là pourtant: le cœur est son esprit, Je le sens... Laforêt Vous avez dit juste ma pensée, Mais en me la faisant plus vraie et plus sensée. Eh bien! c'était de même avec lui: que de fois Le mot qui me manquait me coupa net la voix Il le trouvait pour moi, se hâtait de l'écrire, Puis il me le lisait tout frais; et moi de rire ! Il aimait mon patois, il en prenait leçon ; Mais sa sauce valait bien mieux que mon poisson. J'ai gagné cent pour cent à passer par ses rôles, Car je me trouve sotte, et je les trouvais drôle. Madelaine Il vous