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ce : Elle a de cet esprit calme et silencieux, Discret par la parole, éloquent par les yeux. Claude Oui, ce je ne sais quoi de la raison qui doute, Qui craint de s'égarer et qui d'abord écoute, Que son attention longtemps semble absorber, Mais qui, l'instant venu, laisse à propos tomber Un de ces mots heureux, perles d'un esprit juste, Que le bon sens, façonne et la malice incruste. Du paternel génie, elle suit le destin, Et c'est sans le savoir : elle imite d'instinct. Elle était au berceau lorsque mourut son père. Etienne. Sa mère au moins a dû lui raconter. Claude Sa mère ! Sa mère,que l'on nomme aujourd'hui la Guérin, Que cette mort laissa sans pleurs, le front serein, Et qui de tant de gloire osant faire litière, Pour un autre échangea le beau nom de Molière ! Tu la connais mal. (S'animant.) Quand le ciel a bien voulu Vous donner pour époux un grand homme, un élu, S'il tombe, aux souvenirs sans trêve on se dévoue; Votre vie est brisée et rien ne la renoue; De l'ombre on fait sa gloire, et des pleurs son orgueil ; On s'habille de noir, et l'on meurt dans son deuil. Elle!... se croyant libre, elle a dans son théâtre Choisi, sans marchander, un confident bellâtre, Roi du monosyllabe, un froid comédien, Et dont l'esprit du moins ne gêne plus le sien, Mais avec qui, dit-on, par instant elle expie Tout ce que sa conduite eut de scandale impie.