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LA BASTILLE EN 1789.

l’une d’elles dans la rue, il lui jette un paquet, qui tombe à ses pieds et qu’elle ramasse. Le 14 juillet 1789, Thuriot de la Rosière, sur l’invitation de la sentinelle, se montrera au peuple du haut d’une tour et sera aussitôt reconnu et applaudi par lui.

Même au temps de La Porte, c’est-à-dire sous le sévère cardinal de Richelieu, les prisonniers ordinaires avaient la liberté de se voir entre eux ; il raconte de quelle manière il passait le temps avec ses compagnons, et quelles occupations diverses ils avaient organisées pour adoucir les rigueurs de la captivité[1]. À plus forte raison en fut-il ainsi au XVIIIe siècle. On n’était au secret que pendant les interrogatoires. La liberté de recevoir une visite du dehors était strictement réglementée, bien entendu ; sauf autorisation ministérielle, ces visites ne pouvaient se faire qu’en présence de témoins, et lors même que certains sujets de conversation n’eussent point été prohibés, il n’en fallait pas davantage pour les interdire. Mais il était avec les geôliers et les porte-clefs des accommodements.

Quant aux officiers de la Bastille, ils s’intéressaient fréquemment aux captifs, allant les voir, causer avec eux, les consoler, partager leur repas. On leur permettait d’élever des oiseaux, de compléter l’ameublement sommaire de leurs chambres, de les arranger à leur guise. Quelquefois même le gouvernement y

  1. Mémoires, collection Michaud et Toujoulat, t. VIII, p. 35.