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LA NÉGRESSE BLONDE

m’avait porté sept ans entiers. Encore enfant
j’assommai d’une chiquenaude un éléphant.
Chaque jour huit pendus à face de Gorgonne
grimaçaient aux huit coins de ma tour octogone,
et j’eus pour précepteur cet illustre Sarcey
qui semble un fruit trop mûr de cucurbitacé,
mais qui sait tout, ayant lu plusieurs fois Larousse !
Mon parrain se nommait Frédéric Barberousse.
Quand j’atteignis quinze ans : le Cid Campeador,
pour m’offrir sa tueuse et ses éperons d’or,
sortit de son tombeau ; d’une voix surhumaine :
« — Ami, veux-tu coucher, dit-il, avec Chimène !
Moi, je lui répondis : « Zut ! » et « Bran ! » Par façon
de divertissement, d’un coup d’estramaçon
j’éventrai l’Empereur ; puis je châtrai le Pape
et son grand moutardier ; je dérobai sa chape
d’or, sa tiare d’or et son grand ostensoir
d’or pareil au soleil vermeil dans l’or du soir !
Des cardinaux traînaient mon char, à quatre pattes
et je gravis ainsi, sept fois, les monts Karpates.
Je dis au Padishah : « Vous n’êtes qu’un faquin ! »
pour ma couche le fils de l’Amorabaquin
m’offrit ses trente sœurs et ses quatre-vingts femmes,
et je me suis grisé de voluptés infâmes