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iii
préface

peu forts, de stature et de verbe légèrement démesurés. Or, rien de pareil, mais tout le contraire en Marivaux : une morale fine, des passions discrètes, des sous-entendus, des choses dites à demi-mot, un élégant badinage, un doux susurrement de la phrase. Cela pouvait plaire en toutes circonstances à une société polie ; mais cela ne réjouit plus que des lettrés délicats, et encore dans le silence et dans le mystère de la chambre à coucher, le soir. Ce qui fait le charme de Marivaux, et ce qui le fera lire tant qu’il y aura quelqu’un pour comprendre la langue française, a parfaitement été saisi par M. Fouquet dont l’étude est instructive, même après les pages subtiles de Sainte-Beuve.

Je suis obligé de négliger beaucoup des pages diverses contenues dans ce volume pour m’arrêter un peu à ce que M. Fouquet dit de Barbey d’Aurevilly. Peut-être ne serai-je pas ici complètement d’accord avec le critique, lequel expose, du reste, sa pensée bien des fois sous les formes les plus différentes, sans doute pour qu’elle ne nous échappe pas.

Barbey d’Aurevilly voyait ses personnages en grand ; il les haussait jusqu’à les rendre épiques : voilà pour ses romans. En cela je suis parfaitement de l’avis de M. Fouquet, et qui ne le partagerait ? Mais quand il prenait son œil de critique, Barbey