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schiller et m. alexandre dumas fils

ment à travers des passions. Ce n’est plus l’homme qui parle, c’est un homme déterminé. Il parle au nom de l’humanité, au nom de la justice, au nom de tout ce qu’on voudra. Il parle comme l’homme type parlerait peut-être, mais ce qu’il dit est en raison directe de son moi. L’inspiration du poète allemand était toute spontanée et devait autant, sinon plus, au cœur qu’à la raison. Il était de premier mouvement dans ses œuvres comme dans sa vie. Son âme ardente et fière s’emportait et bondissait sous l’aiguillon de sa pensée. Son esprit méditait, mais ne délibérait pas. Il suivait l’inspiration et non le raisonnement, quelquefois sa raison, mais le plus souvent son rêve.

M. Alexandre Dumas fils ne rêve pas, il réfléchit. Chez lui, la tirade prend plus directement à parti le fait qui sert de base à la pièce. Elle n’a pas autant d’enthousiasme que chez Schiller, mais elle a une force de pénétration plus grande. Moins brusque, elle est plus spirituelle et plus littéraire ; provoquant moins de sensations, elle suscite plus de réflexions ; moins vibrante, elle est plus philosophique. En un mot, la tirade dans Schiller est peut-être plus propre à l’effet scénique que dans M. Alexandre Dumas, mais à la lecture, la tirade de M. Alexandre Dumas fils produit une impres-