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les avantages et tous les inconvénients. Schiller et M. Alexandre Dumas fils ont mis à la scène cet état de conscience. Ouvrons une quelconque de leurs pièces, nous y verrons les personnages raisonner jusqu’à complet essoufflement sur l’opportunité, sur la légitimité des actes qu’ils ont accomplis ou vont accomplir. Dans ce théâtre, la tirade sert, sauf exception, à exposer la thèse ; le dialogue, au contraire, à faire avancer l’action, si bien qu’en réunissant et en lisant toutes les tirades débitées dans une pièce de M. Alexandre Dumas fils, on aurait un véritable plaidoyer, pour ou contre la question débattue. Tous ces morceaux disséminés çà et là, qui paraissent au théâtre autant de petits chefs-d’œuvre distincts, ne sont en réalité que les diverses parties d’un tout. Ils ont entre eux un lien secret mais intime ; ils forment à eux tous le développement et la défense d’une opinion.

Dans Schiller, la tirade est moins défensive qu’offensive. Elle attaque plutôt un abus qu’elle ne soutient une réforme. Elle ressemble plus à un réquisitoire qu’à une apologie. Cela tient d’ailleurs à sa matière même, car ici, elle porte de préférence sur des états de conscience. Si elle se rattache à une doctrine philosophique, c’est seule-