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schiller et m. alexandre dumas fils

courtisanes ont été inventés avant l’imprimerie. Ménélas a vécu avant Homère et Sapho avant M. René Maizeroy. Non, M. Joseph Prud’homme aura beau crier à l’abomination de la désolation, lever les bras au ciel et pleurer des larmes de crocodile sur le grand nombre de vierges que consomme chaque jour la vie parisienne, il ne me fera pas admettre qu’une œuvre littéraire puisse dépraver un pays.

Pourquoi ?

Parce que la littérature ne détermine pas les mœurs, mais qu’elle les reflète : qu’elle n’est pas ici la cause, mais au contraire l’effet, et qu’un peuple a toujours les spectacles qu’il mérite. N’accusons pas M. Alexandre Dumas fils d’avoir mis les courtisanes au pinacle. La Dame aux Camélias, cette pièce qui… cette pièce que… cette pièce dont… cette pièce enfin ! n’a pas plus consacré les unions libres et les amours d’aventure que le Tartuffe n’a détruit l’hypocrisie. Si le culte de la jouissance facile et brutale envahit tous les cœurs, ce n’est pas aux écrivains, aux auteurs dramatiques, ni aux romanciers, ni aux poètes, mais à nous, public, et à nous seuls qu’il faut demander compte de l’invasion.

Dans Schiller, il y a trois hommes : le révolu-