Page:Fouquet - À travers la vie, 1896.djvu/34

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
25
m. paul bourget

incertaine et de leur cœur détraqué, de leur esprit faussé et de leurs nerfs malades. C’est un sérieux inconvénient que cette hésitation et cette banalité dans le dessin des personnages. Les livres tout entiers y prennent un air mal assuré, une allure incertaine qui les gênent pour s’imposer et même quelquefois les en empêchent tout à fait. A jouer avec le feu, on se brûle : à force de finesse, on se jette dans la préciosité.

C’est encore un grave travers, un danger, que cette manie d’individualiser qui nous pousse tous, petits et grands, à ne regarder jamais qu’un homme à la fois. Les Classiques généralisaient trop, soit, admettons-le, quoique cela ne soit pas bien démontré ; en serons-nous meilleurs pour être tombés dans l’excès contraire ? Non sans doute, et même, excès pour excès, leur exagération valait mieux que la nôtre. Plus l’observation est générale, plus elle est facile à percevoir, et plus elle nous intéresse. Les portraits, sauf ceux signés d’un grand nom, n’ont de valeur que pour ceux qui en ont connu les originaux. Et puis, à ne peindre de l’homme que ses côtés particuliers, on risque fort de peindre seulement l’homme d’une heure.

Ainsi pratiquée, l’observation psychologique