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a travers la vie

mulée et réputée inexplicable de la femme. L’écrivain qui veut connaître l’être humain jusque dans ses mobiles les plus intimes ne devait-il pas fatalement être stimulé par le désir de pénétrer le moi le plus secret de la créature la moins facile à comprendre de la création ? L’homme que tout point d’interrogation rend songeur ne devait-il pas naturellement se sentir intrigué par un point d’interrogation vivant ? Le penseur qui veut déchiffrer l’incompréhensible ne devait-il pas forcément s’appliquer à expliquer l’illogique ? M. Paul Bourget a donc étudié la femme, et il l’a fait avec un rare bonheur, avec une merveilleuse puissance d’observation et de raisonnement. S’il n’a pas surpris et traduit tous les riens psychologiques ou autres, toutes les subtilités, tous les infiniment petits qui la font si troublante, comme on dit, il en a du moins saisi et compris beaucoup.

« Qu’est-ce que la femme ? disait Balzac. — Une petite chose, un ensemble de niaiseries. »

Il ne faut pas exagérer. Balzac a formulé là une règle générale, mais féconde en exceptions, et M. Paul Bourget, s’il a souvent fait chorus avec Balzac, a souvent aussi caressé d’une main ce qu’il flagellait de l’autre.