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a travers la vie

quand même l’explication logique de ces résultantes dont les principes et les éléments sont si difficiles à démêler et à exprimer que beaucoup ne s’y risquent pas.

C’est peut-être à l’influence de ce besoin incessant de toujours remonter de l’effet à la cause et de la cause à la cause, que nous devons attribuer son peu de souci de peindre dans ses œuvres les grands sentiments de l’âme humaine. Jamais il ne s’applique à faire la synthèse d’une passion en prenant pour principal personnage de l’œuvre cette passion même. Ce qu’il cherche plutôt à saisir, c’est tout le clavier du cœur humain, c’est nous dans l’ensemble de notre nature, dans notre complexité. Certes, on trouve dans ses livres de fortes analyses de sentiments très nettement caractérisés, mais le plus souvent on peut dire que l’écrivain est tout particulièrement attiré par les feux follets de l’âme, par ces sortes de lueurs qu’on voit parfois briller comme des flammes distinctes au milieu d’un brasier, presque aussitôt éteintes que jaillies. Ce qui l’intéresse, ce sont bien moins les hommes que l’homme, bien moins l’homme que la nature humaine, et bien moins les lignes droites que les zigzags de cette nature humaine, si je puis parler ainsi.