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vivants, humains, — pour employer encore ce mot qu’il faut répéter sans cesse, — n’est pour lui qu’un premier pas. Il veut pénétrer leur être intime le plus secret, nous en exposer, nous en faire comprendre tous les états d’âme ou de conscience, nous donner enfin le pourquoi de ces apparentes complications de notre moi, qui, somme toute, sont peut-être très simples et très logiques. Aussi, en dépit de son peu de sympathie pour ce qu’un de ses disciples volontaires ou non, a appelé « la psychologie froide du raisonnement », ne prend-il jamais la vérité découverte en nous que comme le point initial de son analyse, point d’où il part pour aller, de déduction en déduction, jusqu’à l’explication du fait visible et palpable, qui paraissait incompréhensible au premier abord.

Il me semble que c’est là une conséquence directe de cette curiosité d’esprit et de ce manque de foi, de ce besoin de vérifier tout et même ses certitudes, qui domine M. Paul Bourget. Nous nele verrons jamais, ou bien rarement, pénétrer fièrement dans le cœur humain, l’analyser fermement et condenser dans une œuvre hardie et assurée le résultat de ses observations. Il ne s’en empare pas en maître ; on dirait, au contraire, qu’il en a