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a travers la vie

chose, et, quittant résolument les problèmes insolubles, il s’est mis à étudier l’homme. Mais voilà que l’homme à son tour — et la femme encore bien plus — lui a paru un être mystérieux, compliqué, illogique, inexplicable. Le cœur humain s’est révélé à lui, sombre et impénétrable comme l’Empire des Ténèbres.

Est-il devenu méfiant parce qu’il a vu partout de l’illogique et de l’inexplicable ? ou a-t-il vu partout de l’obscur et du mystérieux, parce qu’il était incrédule ? Bien fin qui le dirait. Quoi qu’il en soit, M. Paul Bourget s’est promis de voir clair quand même dans les ténèbres, mais son observation s’est souvent ressentie des inquiétudes et des défiances de son esprit.

Que nous prenions en main ses études de littérature, ses poésies ou ses romans, nous y trouverons toujours un patient chercheur, un infatigable inquisiteur. Critique, il s’attache plus à nous faire entrevoir l’âme de l’écrivain qu’il étudie, à nous faire pénétrer son « moi » qu’à peser les mérites de ses œuvres ou à nous en dire la valeur. Poète, il ne lui suffit pas que ses vers chantent nos joies et nos peines, traduisent nos sentiments tristes ou radieux, il veut qu’ils nous enseignent la cause de ces joies et de ces peines,