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soit qu’au contraire nous nous attachions à l’ensemble de l’œuvre et à l’impression générale qu’elle nous laisse, que nous cherchions à la saisir dans ses grandes lignes, dans ses idées mères, dans sa conception initiale, M. Paul Bourget nous apparaîtra à travers ses livres comme un esprit avide de savoir, que hantent toujours des doutes et que travaille toujours le besoin d’éclaircir ces doutes. Esprit curieux, tel il devait être il y a quelques années ; esprit inquiet, tel il est maintenant.

La pensée et la vie ont accumulé autour de lui ces terribles points d’interrogation qui pèsent si lourdement sur les hommes de notre temps. Penseur, il a cherché obstinément, avec confiance d’abord, avec rage ensuite, à pénétrer le mystère d’impénétrables énigmes. Puis, lassé et meurtri de cette lutte sourde contre l’inconnu, reconnaissant l’inanité de ces spéculations ardues qui devaient calmer ses anxiétés et dont il ne tirait que des doutes plus profonds, des inquiétudes plus amères, il a laissé à qui le voudrait le soin de fabriquer des solutions à nos grands problèmes philosophiques et autres, — problèmes auxquels sa pensée semble d’ailleurs revenir de temps en temps et auxquels on dirait qu’à certaines heures il espère malgré tout une réponse, sans qu’il lui