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m. paul bourget

si, de critique je devenais romancier, j’y serais bientôt soumis. L’entraînement est général, le travers est commun à tous. Ajoutons seulement que ce travers serait très facile à excuser et que, chez certains qui sont des tempéraments marqués, il a toute la mine d’être une qualité. Il en est ainsi, par exemple, chez M. Bourget, qui est un représentant des plus autorisés de l’école psychologique contemporaine. Ce qui fait le fond de son œuvre, c’est l’étude de cette force, — sentiment ou instinct, qu’on l’appelle comme on voudra, — qui attire l’homme vers la femme et inversement ; seulement, dans sa manière d’observer et de mettre en œuvre ses analyses et ses méditations, M. Paul Bourget a apporté une personnalité. Il a adopté le procédé de l’école moderne, mais, en s’en servant, il l’a façonné à son usage propre.

Soit qu’en étudiant Cruelle Énigme, Mensonges, Pastels ou le Disciple, nous nous attachions de préférence à ces pages de confidences intimes, à ces pages où l’écrivain nous fait ou nous laisse deviner ses états d’âme ou d’esprit, où il met beaucoup de lui-même, qu’il nous y indique d’un mot ce qui trouble son moi ou qu’il y fasse minutieusement, sous le couvert d’un personnage de roman quelconque, sa propre psychologie ; —