Page:Fouquet - À travers la vie, 1896.djvu/17

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
8
a travers la vie

une grande place qu’il occupe, c’est toute la place ; il n’y a que lui ; il n’y en a que pour lui, lui seul est quelque chose ; lui seul, et c’est assez !

Dans la vie cependant, il y a autre chose que des amoureux et des amoureuses. Dans le cœur humain, il n’y a pas que l’instinct du mâle pour la femelle.

Pourquoi lui et toujours lui alors ? Parce que, lui, c’est l’éternelle lutte de l’homme et de la femme, combat hasardeux, s’il en fut jamais ; problème à solutions multiples et variables. Parce que lui, c’est une chose vague qu’on comprend et qu’on modifie, qu’on présente et qu’on raconte comme on veut. Parce que lui, c’est de tous les boniments et de tous les spectacles celui qui allèche et intéresse le plus vivement le public, — ce tyran onctueux dont les caresses sont souvent plus dangereuses que les coups de griffes. — Parce que lui, c’est la source la plus féconde où l’écrivain puisse se pourvoir de drames, de romans et de comédies. Par ces motifs, ou par d’autres, l’amour est au pinacle, littérairement parlant ; on le chante, on le discute, on le calomnie, on prétend l’expliquer, on l’exploite de toutes les façons : c’est le Pactole des hommes de lettres. Personne n’échappe à cette mode, et moi qui, en ce moment, la blâme,