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m. paul bourget

lement partie du violon, nui ne peut les changer ; les autres sont des phrases éphémères qui naissent, selon le caprice, sous les doigts de l’artiste. En un mot, il y a la voix envisagée seule et à l’exclusion de toutes autres choses, etles airs qu’on fait chanter à cette voix, concertos, menuets ou fantaisies. Eh bien ! le cœur humain est exactement comme un violon, et toutes les différences qu’on peut signaler entre les Classiques et les psychologues modernes se résument à ceci que, dans leurs études, les uns ont voulu analyser la voix elle-même, tandis que les autres analysent les airs exécutés.

Remarquons en passant que nos écrivains ne connaissent guère qu’un thème sur lequel ils brodent à l’infini des variations plus ou moins heureuses. Ce thème, c’est l’amour. Voilà, à coup sûr, un très beau sentiment, mais qu’il est encombrant ! Ouvrez un livre, entrez dans un théâtre, qu’y trouvez-vous ? L’amour. Drames, comédies, vaudevilles, romans, nouvelles, contes, poésies, — l’amour, l’amour, toujours l’amour ! On ne connaît qu’une passion : l’amour ! qu’un mobile à nos actions : l’amour ! qu’un sujet d’études : l’amour ! Eh oui ! sans doute, l’amour tient une grande place dans la société, — trop grande peut-être, — mais, en littérature, ce n’est plus