Page:Fouqué - Les Tremblements de terre.djvu/324

Cette page a été validée par deux contributeurs.

bâti que possible dans la portion constituant la nef. Des murs, composés de mauvais matériaux, mal taillés, mal cimentés, qu’on avait été obligé de relier par des traverses en fer, supportaient une lourde voûte. Trois cents personnes environ s’y trouvaient réunies pour la cérémonie des cendres. Au moment de la première secousse, la commotion souterraine se produit, les murailles de la nef se disloquent et la voûte s’effondre. Le chœur, mieux construit, résiste, le clergé et les officiants qui s’y trouvent restent sains et saufs, mais, sous les ruines de la voûte de l’église, deux cent vingt-quatre malheureux sont écrasés. Les localités où la mortalité est signalée comme ayant été la plus grande sont Bajardo, Castellaro, Diano Marina, Diano Castello, Taggia, Bassano, Albinga, Noli.

Dans chacun de ces centres de population, le tremblement de terre a donné lieu aux scènes les plus émouvantes ; un grand nombre de blessés sont restés jusqu’à quarante-huit heures ensevelis sous les ruines et n’ont dû leur salut qu’aux secours organisés pour les dégager. Quelques-uns ont été sauvés ainsi après avoir séjourné pendant plusieurs heures en contact avec des membres de leur famille écrasés ou mourants.

À côté de ces terribles scènes, le tremblement de terre a donné lieu comme d’habitude à des accidents plus ou moins burlesques. À Nice, par exemple, la population effrayée s’est précipitée à peine vêtue hors des maisons, et des campements improvisés se sont établis sur la place publique ; les fiacres sont devenus des habitations ;