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çut que la quille était endommagée ; le gouvernail flottait auprès du vaisseau que l’eau commença à remplir. On chercha par tous les moyens à le maintenir à flot. La frégate ne pouvait être réparée dans le port de Simoda, on la remorqua, et avec une centaine de barques japonaises, on la conduisit dans un autre port situé à sept milles de distance. Mais là encore, elle fut assaillie par une tempête et sombra.

Extrait du livre de bord de la frégate la Diane :

On éprouva la première secousse à 9h 1/4 ; elle fut très violente sur le pont et dans les cajutes, elle se prolongea de 2 à 3 minutes ; aucun signe précurseur ne l’avait annoncée.

À 10 heures une grande vague s’élança dans la baie où la frégate était à l’ancre, et dans l’intervalle de quelques minutes, toute la ville, avec ses maisons et ses temples, fut couverte d’eau ; les nombreux bâtiments qui se trouvaient à l’ancre, battus par les flots, furent jetés les uns contre les autres et éprouvèrent de graves dommages ; on vit flotter aussitôt une masse de débris.

Au bout de 5 minutes, toutes les eaux de la baie commencèrent à s’élever et à bouillonner, comme si des milliers de sources avaient jailli tout à coup ; elles étaient mêlées de boue, de lehm et d’autres matières étrangères de toute nature ; elles s’élancèrent sur la ville et sur les terres avec une force épouvantable et tous les bâtiments furent anéantis. Notre équipage dut fermer toutes les embrasures des canons ; l’eau était couverte de poutres et d’épaves de toute espèce, qui flottaient autour de nous.