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Ces causes initiales d’incertitude expliquent en grande partie les résultats contradictoires auxquels on est arrivé. Joignons à cela que l’auteur le plus consciencieux, lorsqu’il part à priori d’une idée théorique, a beaucoup de peine à ne pas faire plier la statistique au besoin de son opinion ; et lors même qu’il respecte les chiffres recueillis dans l’enquête à laquelle il se livre, il est enclin à mettre en relief les petites différences favorables à sa manière de voir.

Un de nos physiciens les plus distigués, le regrettable Alexis Perrey, va fournir une preuve éclatante de ce genre d’abus pour lequel il a trouvé trop d’imitateurs. Ce savant, plein de zèle et animé d’une confiance absolue dans la méthode dont il faisait usage, a consacré de longues années à recueillir tous les exemples connus de tremblements de terre et à comparer le moment de leur production avec celui des phases lunaires.

Il était persuadé que sous une écorce solide de faible épaisseur, le globe terrestre renfermait une masse énorme de liquide igné influencé par les attractions du soleil et de la lune de la même manière que l’eau à la surface de la terre ; en un mot, il supposait qu’il y avait des marées souterraines de matière incandescente, comme il y a des marées aqueuses dans les océans. Il croyait en outre que les marées souterraines pressant contre la paroi interne de l’écorce terrestre devaient y injecter des matières incandescentes et engendrer des actions mécaniques capables de produire les tremblements de terre ou au moins d’en faciliter le développement.