bandes de terrain jadis immergées. Suess, dans l’un des chapitres les plus intéressants de son magistral ouvrage de physique terrestre, a longuement réfuté ces opinions erronées, accréditées dans la science comme des sortes de légendes. Les lignes qui vont suivre ne font que reproduire les principaux traits de son argumentation[1].
Le premier fait cité comme exemple de soulèvement du sol à la suite d’un séisme est celui qui se rapporte au tremblement de terre de Callao, du 28 octobre 1746. L’ébranlement du sol fut accompagné de mouvements violents de la mer ; une marée extraordinaire inonda les ruines de Callao et couvrit les débris de la ville d’un énorme amas de sable et de cailloux roulés. L’île de San Lorenzo, située à 2 milles du rivage, se trouva séparée de la côte par un bras de mer profond, tandis que plus tard, en 1760, elle s’y trouvait presque réunie par un bas-fond. Évidemment, il ne s’agit point ici d’un soulèvement du sol, mais seulement d’un espace marin, creusé et comblé alternativement par les vagues.
Il en est de même pour les effets du tremblement de terre de Valparaiso du 19 novembre 1882. Le soulèvement de la côte décrit en détail par Mrs. Maria Graham dans une lettre adressée par elle à la Société géologique de Londres, est complètement nié par le zoologiste Cuming, témoin oculaire comme elle de l’événement. Le seul fait sur lequel ils soient d’accord est l’accumulation au devant des quais de la ville d’un amas de sable
- ↑ Suess, Das Antlitz der Erde, t. I, p. 124.