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CHAPITRE IV


condamnation de la justice.



I. — La théorie de la justice est-elle plus scientifique chez Nietzsche que ne l’est celle de la vie individuelle ou celle de la vie sociale ?

Si le chef-d’œuvre poétique de Nietzsche est son Zarathoustra, sa principale œuvre théorique devait être la Volonté de puissance, essai d’une transvaluation de toutes les valeurs, travail inachevé, dont les Archives de Nietzsche à Weimar publient de longs et importants fragments[1].

Suivons Nietzsche dans ses efforts pour condamner l’idée de justice d’abord en elle-même, puis dans ses applications à la société, sous les formes diverses et, selon lui, également décadentes, de la démocratie, du socialisme, de l’anarchisme et du christianisme.

Au début de son ouvrage, Nietzsche accuse de nihilisme la société européenne, et, par nihilisme, il entend l’affaissement et l’annulation de la volonté de puissance, fond de la vie individuelle et sociale. À l’en croire, toute la société « moderne » est victime d’une immense

  1. Der Wille zur Macht, Versuch einer Umwertung aller Werthe. Studien und Fragmente, herausgegeben von Peter Gast, Dr Ernst Horneffer und Dr August Horneffer, Archivaren am Nietzsche-Archiv zu Weimar (Leipzig, C.-G. Naumann), 1901, in-8.