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jours sûr de plaire quand on débute ainsi.

J’étois dans un deshabillé plus agaçant que coquet. L’art que j’y avois mis étoit si voisin de la nature, que mes charmes ne sembloient rien emprunter de mon ajustement. J’avois tout lieu de présumer de leur pouvoir. Mon Financier me trouvoit adorable. L’avidité de ses regards, l’impatience de ses mains ne me laissoient pas douter que je ne touchasse au dénoûment de la piéce. Cependant, qu’arriva-t’il ? Après un badinage de trois quarts d’heure, je fus ratée comme une Reine. Cette humiliante avanture me mortifia d’autant plus que je l’éprouvois pour la premiére fois. Je tremblois qu’il n’eût découvert en moi quelque imperfection que j’avois ignorée jusqu’alors. Heureusement il me rassura, en m’avouant qu’il étoit sujet à de pareils accidens. En effet, le bon homme me disoit vrai ; car pendant un an que je vêcus avec lui, il ne manqua pas de me rater régulié-