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demain catin, selon le caprice de ces Messieurs, ou l’exigence des cas. Quoique j’eusse un des plus beaux corps & des mieux articulés qu’il fût possible de voir, une jeune Lavandiére, connue alors sous le nom de Marguerite, maintenant sous celui de Mademoiselle Joly, m’éclipsa tout-à-coup, & m’enleva mes chalands. La raison de cela, c’est qu’on me savoit par cœur, & que Marguerite, ne me cédant rien du côté des perfections corporelles, avoit sur moi le mérite de la nouveauté. Néanmoins on ne tira pas de ses charmes tout le parti qu’on avoit lieu d’en espérer. Elle étoit d’une si grande vivacité, qu’il n’étoit presque pas possible de lui faire garder une attitude. Il falloit, pour ainsi parler, la saisir au vol. Voici un de ses traits d’étourderie qui la caractérise parfaitement. Mr. T… la peignoit un jour en chaste Susanne, c’est-à-dire, en état de pure nature. Il fut obligé de la quitter un instant. Sur ces entrefaites une procession des Carmes